PHOTO : L'Homme face à l'Océan.

Jérémy Soma
Poésie photographique

ITW & photos: DRAPEAU NOIR & jérémy soma

Il y a des photographies qui interpellent, saisissent et restent en nous, comme ça, naturellement. C'est le cas de celles de Jérémy Soma, jeune photographe basé sur la côte Sud Ouest. J'ai découvert le travail de Jérémy via un ami commun et depuis je suis admiratif de son travail. Son univers, à la fois poétique et mélancolique m'a fasciné immédiatement.

Un regard fort, contrasté, sur une nature sauvage parfois inhospitalière et sur ceux qui essaient de la dompter. Il est souvent question d'hommes, de surf et d'océan. L'immensité de celui-ci, souvent noir, reste le domaine de prédilection de Jérémy. Pour autant, il ne s'enferme pas dans un univers clos. Son oeil aiguisé, ses débuts dans le skate et une forte culture street lui permettent de sortir des séries "mode" et des portraits magnifiques. Jérémy nous a aussi fait l'honneur de partager avec nous son film "Bloom", objet vidéo de toute beauté que vous pourrez retrouver en home du site et en ligne en cliquant juste ici. Au détour d'une discussion Jérémy a accepté de partager avec nous son histoire. Nous avons pris beaucoup de plaisir à échanger avec lui, j'espère que vous en prendrez beaucoup à le lire.

Nicolas

Je ne suis pas un grand fan des photos "techniques",
j'essaie de raconter quelque chose avant tout et si c'est flou tant pis.

PHOTO : L'océan, un des terrains de jeu favoris de Jérémy.
PHOTO : Du Surf au Skate. Nabil Slimani durant "The Roof".

Bonjour Jérémy, peux-tu te présenter rapidement et nous parler de ton parcours ?

Je m'appelle Jérémy Soma, j'ai 23 ans et je suis originaire de la Côte d'Azur. Après un passage à Bordeaux pour des études de publicité et quelques années en agence à Paris, je vis maintenant dans ce magnifique Sud-Ouest, depuis bientôt un an et demi.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce très beau film que nous venons de diffuser ici et que tu as bien voulu partager avec nous ?

On a eu un passage vraiment creux cet hiver à Biarritz, pas beaucoup de demandes photo, un temps vraiment pas cool et pas les bonnes conditions pour se mettre à l'eau. Les journées étaient dures à remplir et assez frustrantes. Du coup j'ai essayé de créer quelque chose avec de la matière déjà existante, sans rien avoir en tête. L'idée m'est venue à force de passer et repasser sur toutes mes photos de surf des mois précédents. Quand je suis à l'eau, pour les 3/4 des photos, je photographie en rafale puis j'en extrait une et c'est 15 ou 20 photos qui partent à la poubelle. Je trouvais ça dommage de ne pas les utiliser. J'ai animé les séquences de quelques photos pour voir ce que ça pouvait donner et ça me plaisait plutôt bien, j'ai continué sur une vingtaine de photos. C'est assez court mais je trouvais ça bien de résumer et d'animer plusieurs mois de photos en quelques images.

PHOTO : Capturer le mouvement.
PHOTO : Un univers mélancolique et poétique qui nous touche.

Mon pire souvenir de shooting ? 
Quand je frôle la noyade cet hiver.

Comment as-tu commencé la photographie ?

Je crois que mes premières images c'était avec un de mes meilleurs potes au collège, on s'était mis au skate ensemble et il avait acheté un petit caméscope. A vrai dire je passais plus de temps à filmer qu'à skater. En très peu de temps je me suis mis à regarder toutes les vidéos de skate qui sortaient et le seul truc que j'avais en tête c'était de faire une méga vidéo. Mon premier job d'été a servi à m'acheter mon premier boitier, un Canon, qui filmait bien mieux qu'un caméscope pour deux fois moins cher. On était à un moment où les ados de 15 ans n'avaient pas encore tous de téléphone, donc quand tu avais du matériel pour filmer tout le monde le savait.

Puis un jour je me suis plongé dans les magazines de skate et là, grosse claque. 

Du jour au lendemain j'ai arrêté de filmer, je me suis mis à photographier, toujours du skate au début puis j'ai ouvert mes horizons avec le temps. Mes premières photos "commerciales" c'était pour Eastpak pendant le « Grand Journal », au festival de Cannes, j'avais 17 ans.

Avec quel matériel travailles-tu ? As-tu des routines particulières de travail ?

Je travaille généralement en numérique mais je suis très influencé par l'argentique, dès que je peux j'en fais. Au-delà du rendu c'est une sorte de manière de te rappeler que prendre le temps c'est toujours mieux ; à l'inverse du numérique où parfois tu bombardes sans trop réfléchir. En ce moment je suis un peu dans ma phase d'expérimentation, je test beaucoup de choses et je m'éclate pas mal à essayer de trouver des nouvelles manières de faire des photos.

Je n'ai pas vraiment de routine, c'est plutôt tout ce que j'ai dans la tête qui me guide. C’est un peu le désordre là-haut à vrai dire mais j'essaie de suivre mes envies au maximum.

PHOTO : Plus que des personnes, Jérémy capture l'instant.
PHOTO : Virgil is watching you !
PHOTO : Certainement une des photos qui nous a le plus marquée.

Ton univers est très poétique et me semble un peu sombre, parfois mélancolique. Tu peux nous en dire un peu plus ?

Je ne suis pas un grand fan des photos "techniques", j'essaie de raconter quelque chose avant tout et si c'est flou tant pis. J'aime bien les extrêmes, le très clair, le très sombre, les couleurs un peu folles etc. J'essaie de faire des images qui me parlent et c'est souvent dans des univers un peu différents que je me retrouve le mieux.

PHOTO : Du grain et du 35mm pour un superbe portrait.
PHOTO : L'instant T.

"En ce moment je suis un peu dans ma phase d'expérimentation,
je teste beaucoup de choses et je m'éclate pas mal à essayer
de trouver des nouvelles manières de faire des photos."

Un très bon ou très mauvais souvenir de shooting ?

Le plus mauvais de loin quand j'ai frôlé la noyade cet hiver mais à part ça, ce ne sont que des bons moments. La photo de surf ça m'a vraiment ouvert sur le partage qui peut y avoir entre ce qui se passe devant mon objectif et moi. C'est ce sur quoi j'essaie de me concentrer à chaque fois que je photographie, dans l'eau ou pas, c'est de partager quelque chose et souvent ça se ressent à l'image. A partir de là, ce ne sont que des bons souvenirs.

Après Paris, tu habites maintenant au Pays Basque, tu te sens bien dans cette nouvelle vie ?

Ça va faire maintenant un an et demi que je suis ici, ça me correspond bien mieux. Je regrette pas du tout mon passage à Paris mais je me sens plus dans mon élément ici c'est clair. On a une qualité de vie assez dingue, quand t'es dans l'eau jusqu'à 22h et que tu surfes avec le coucher de soleil en fond tu te dis que « t'es pas mal ». Bon, l'hiver faut s'accrocher un peu mais on ne peut pas tout avoir !

Des spots où on peut te croiser au pays basque ou à Paris ?

En ce moment je passe le plus clair de mon temps libre dans les landes entre les pins et la dune. Mais sinon, si vous passez par Hossegor le dimanche, faites un tour au surf shop All Good je serai surement sur le banc devant en train de prendre le soleil.

PHOTO : Une élégance indescriptible.
PHOTO : Le contraste du Noir & Blanc donne vie à l'Océan.
PHOTO : Vincent Perraud et sa 944.
PHOTO : Face à face avec la Porsche 944.